Journée 12 - 16/10/1982 |
On a toujours besoin d'un Dalger chez soi !
A Toulon, Stade Bon-Rencontre, Toulon bat OM 1 à 0 (0 à 0). Temps doux. Pelouse bosselée. Eclairage parfait. Arbitrage laxiste de M. Daily. 12 000 spectateurs environ. But : Dalger (79'). Avertissement : Caminitti (63'). TOULON : VIZCAINO, BERENGUIER, ALFANO, COURBIS, BOISSIER, PERLIN, CHAUSSIN, N'KOUKA, DALGER, BANDERA, BENEDET ; entr. DUVAL MARSEILLE : LEVY, ANIGO, CAMINITI, LOPEZ, GILLES, DE BONO, FLOS, REMY, ANTIC, RAVAIL, DE FALCO ; entr. : GRANSART Remplacements : à Toulon : Diallo à la place de Bandera (71') ; à l'OM : Langers à la place d'Antic (82'). |
C'est la joie dans le camp "azur et or". Les Toulonnais tombent dans les bras les uns les autres. On reconnaît de gauche à droite : Aflano, N'kouka et Bérenguier (de dos) et Bénédet. (Photo RAYNAUD). |
Cette soirée-là Toulon l'attendait depuis longtemps. Les supporters "Azur et Or" auraient payé cher pour voir le dragon olympien enfin terrassé.
Aussi 2h avant le coup d'envoi BR était déjà pris d'assaut par des hordes hurlantes et claironnantes venues de toute la région.
C'est qu'après la défaite niçoise à Martigues, le derby provençal prenait une toute autre envergure. C'était la course à la 1ère division qui se trouvait soudain relancée. Et le banco tenté par Toulon à BR pouvait rapporter gros.
Tellement gros que Dalger et ses camarades semblaient singulièrement contractés, face à un tel enjeu.
A ce point que les Olympiens bien plus vivaces au coup d'envoi allumaient les 1ères mèches.
D'entrée, l'OM annonçait la couleur avec 1 marquage individuel féroce. Caminitti sur un Dalger tout près de ses attaquants, mais qui ne paraissait pas "dans son assiette". De Bono sur un N'Kouka soudain promu plaque tournante de l'équipe toulonnaise. Et par qui effectivement transitent bon nombre de ballons toulonnais.
Ajoutez à cela 1 bonne dose d'agressivité de la part de la défense marseillaise très athlétique et très rugueuse (n'est-ce pas M. Anigo ?) et vous aurez une bonne idée de la situation. A l'arrivée cela donnait un match tendu, noué mais assez pauvre sur le plan du jeu. Avec des Toulonnais on l'a dit serrés de près et des Olympiens limités dans leurs capacités offensives et surtout occupés à serrer les rangs à l'arrière. Aussi les actions dangereuses pouvaient se compter sur les doigts de la main. |
1 nouvelle fois Christian Dalger le capitaine toulonnais a été l'homme providentiel. D'1 seul coup de pied, il a vaincu 90 minutes de mauvais traitement. Ici il est abattu par Ravali (photo Raynaud). |
Et encore fallait-il que l'inépuisable Bénédet aille chercher 1 balle dans les pieds de la défense olympienne. 1 relais avec Bandera et Bénédet entrait dans la surface, crochetait Lopez mais ne pouvait hélas redresser son tir (5').
Sévèrement marqués à l'approche des 18 mètres, les Toulonnais tentaient de partir de loin. Et Perlin lançait superbement Bérenguier sur la droite sans résultat (9').
Du côté "Azur et Or", Dalger n'avait pas son rayonnement habituel. Et toute l'équipe s'en ressentait. Les Toulonnais affichèrent bien 1 meilleure maîtrise technique mais sans réussir à déséquilibrer 1 bastion olympien fortifié autour de Caminitti et Lopez.
Aussi ce sont en fait les marseillais qui se montraient les plus incisifs grâce à un De Falco toujours aussi agile ou à un Ravali dont la puissance et la masse athlétique gênaient Alfano et toute la défense toulonnaise.
Pourtant dans le dernier quart d'heure, 1 nouvelle poussée toulonnaise se soldait par 2 occasions.
Bénédet, encore lui, s'enfonçait dans la surface adverse, adressait 1 centre court. Mais Levy ne se laissait pas surprendre (30').
Et puis un peu plus tard, 1 mauvais renvoi de Caminitti était repris de volée par Perlin, juste au-dessus de la barre (39').
C'était tout pour cette 1ère période, passablement décevante. Après 45 minutes, le match n'était toujours pas lancé.
Enfin le miracle
Au retour sur le terrain les Toulonnais semblaient décidés à former leur chance. Et les 10 000 supporters retrouvaient leur voix par la même occasion.
Le jeu collectif restait toujours assez approximatif. Mais plusieurs actions individuelles de classe faisaient monter le ton de plusieurs notes.
C'est ainsi qu'après 1 reprise d'Antic, jusque-là invisible, Dalger sortait à son tour de la réserve. Il lançait Bénédet dans l'axe, mais Levy arrivait le 1er (51').
C'était le coup d'envoi d'1 période de pressing toulonnais absolument terrible. L'OM complètement débordé faisait eau de toute part. Mais au prix d'efforts surhumains, parvenait à éloigner le danger face à 1 équipe toulonnaise qui se lançait avec fureur, mais sans discernement à l'abordage. Les occasions se multipliaient pourtant du côté "azur et or". Centre de N'kouka, meilleur joueur sur le terrain, pour Bandera, surpris, qui met de la tête à côté (52'). |
Martin N'kouka, qu'on a enfin revu sous son vrai jour, a été l'1 des meilleurs sur le terrain. Ici face à Lopez (à droite). (photo Raynaud). |
Un peu plus tard, c'est Dalger qui prend le relais. 1 centre en demi volée sur l'aile droite. Anigo, surtout remarqué pour son jeu brutal, repousse faiblement. Perlin surgit, mais il est contré au dernier moment (56'). Pour ne pas être en reste, N'kouka se lance à son tour dans un n° solitaire. Il passe, tour à tour 3 adversaires, mais se fait contrer, lui aussi, au moment du centre (58').
Toulon multiplie les offensives avec 1 cran admirable, mais aussi avec 1 certaine fébrilité. En face, les marseillais, débordés, durcissent le jeu de plus en plus. Caminitti sèche Bénédet et écope d'1 avertissement qu'Anigo, avant lui, avait 100 fois mérité (63').
Toujours est-il que Toulon qui domine en vain depuis 20 minutes ne sait plus très bien comment s'y prendre pour tromper Levy.
On en vient alors aux longs centres dans le paquet pour la tête de Luigi Alfano, monté à l'assaut. Mais la 1ère fois, Levy réussira à mettre en corner (64'). Et la seconde, le bolide décroché par le stoppeur toulonnais filera de peu à côté (76').
Le duo N'kouka-Dalger qui joue enfin ensemble pour le plus grand bonheur du public, multiplie les combinaisons dangereuses. Mais sans résultat. Et à 10 minutes de l'échéance, on commence à doute dans les rangs du Sporting. C'est alors que le miracle va se produire.
1 main providentielle de Lopez, et c'était un coup-franc pour Christian Dalger qui n'en demandait pas tant.
Levy avait beau s'époumoner à placer son mur, le capitaine toulonnais avec 1 maîtrise effarante effaçait le mur olympien d'1 pitchenette et prenait complètement Levy à contre-pied. |
But ! C'est le coup du père Christian, Monsieur Dalger a encore frappé. Levy est à l'autre bout des buts (sur la gauche). Le mur marseillais atterré n'a plus qu'à constater les dégâts ! (photo Raynaud). |
Dans les gradins c'est l'extase. Merci M. Dalger.
Pour les Olympiens, c'est l'assomoir. Ils sentent bien qu'ils viennent de perdre la partie. Et ce ne sont pas les accrochages qui émaillent les dernières minutes qui peuvent arranger les choses. De Falco tente bien 1 raid désespéré. Mais en vain. Et c'est même Bénédet, sur 1 centre au cordeau de l'irremplaçable Dalger qui est à 2 doigts de doubler la mise. Mais 1 splendide détente de Levy évite cette ultime épreuve à l'OM (88').
Toulon a gagné au moment où il fallait. 1 victoire qui n'a certes pas été acquise facilement. Heureusement, il y avait qui vous savez. On a toujours besoin d'1 Christian Dalger chez soi.
Les Toulonnais : "2 victoires... d'un coup"
Toulon, 20h15, ville morte. Bon-Rencontre, 20h20, c'est l'explosion. Le public toulonnais ovationne Dalger et les siens qui pénètrent sur la pelouse.
La nuit s'illumine d'azur et or. Notre vieux stade renaît de ses cendres. Le Sporting a retrouvé son public. 20h25, nouvelle explosion, Caminitti et les siens débouchent du tunnel.
20h30, la fête en bleu, blanc, jaune va commencer. 21h15, la montagne semble accoucher d'1 souris à l'image du reste de la ville.
Bon-Rencontre s'endort, quelques grincheux dans les tribunes jouent du poing et des pieds. Le football méridional serait-il devenu triste ? Non ce ne peut être qu'1 accident.
Les nostalgiques se rappellent le même derby de l'an dernier. Mais ne reste-t-il pas 45' pour que l'espoir... 21h30, c'est reparti, Levy fait connaissance avec les "gradins sud". N'kouka au four et au moulin emballe le match à lui tout seul. C'est le déclic. BR s'enflamme.
21h50, Diallo réclamé sur l'air des lampions remplace Bandera.
22h, coup de tonnerre sur l'ouest toulonnais. BR est en délire. Dalger vient de crucifier Levy par 1 coup de patte dont il a le secret.
22h10, "On a gagné".
22h30, les vestiaires sont pris littéralement d'assaut à la fin du match et il faut montrer patte blanche pour accéder aux vestiaires du bonheur. 1 bonheur qui se lisait sur tous les visages toulonnais.
Très entouré, Marcel Duval nous déclare : "Ce soir nous n'avons pas eu de grand Dalger, mais son pied magique nous a fait 1 fois de plus gagner le match."
" Les marseillais nous craignaient, ils n'étaient pas venus avec l'ambition de gagner, seul le point du match nul les intéressait en réalité. "
" Mais ce qui devait arriver arriva. Et je sentais que l'on marquerait. Et sur coup-franc par dessus le marché et par Dalger ".
André Sudre également donnait son avis : "nous avons gagné devant l'OM et nous avons conquis 1 public, 2 victoires dans la même soirée, pour le moment cela suffit à notre joie."
Perlin, J-L Bérenguier étaient unanimes. "Nous n'avons jamais été inquiétés. Nous étions sûrs de notre affaire, fini les complexes à Toulon."
N'Kouka, le meilleur des 22 joueurs sur le terrain, savourait le succès. Il savait qu'il avait connu 1 début de saison difficile et que ce soir, il serait complètement retrouvé.
" Je le dois au public toulonnais qui m'a tout de suite adopté et cette victoire, je la leur dédie. "
Christian Dalger : "Les marseillais me connaissent bien, je n'ai pas toujours été à l'aise devant le marquage très strict dont j'ai été l'objet. Mais cela a profité à mes équipiers. Quant au coup franc, je savais qu'il serait décisif."
Dans les vestiaires marseillais, c'était l'envers du décor.
Claude Cuny : "la victoire de la maturité"
Claude Cuny le directeur sportif de l'OM faisait grise mine. " Ce fut 1 derby dans la plus pure des traditions, la plus grande maturité toulonnaise s'est montrée déterminante. Nous n'avons jamais pu remonter les ballons et même l'absence de Pascal n'est pas 1 excuse. A moins d'1 action personnelle, il n'aurait pu faire aussi bien que son remplaçant Ravail. Maintenant, je dois reconnaître que la victoire de Toulon est méritée, que leur équipe est athlétique et qu'il sera difficile à n'importe quelle équipe du groupe de venir gagner à BR. "
Rolland Courbis pris d'1 malaise après match
Aussitôt rentré aux vestiaires, Courbis s'évanouissait. Le docteur Renzulli l'examinait et après l'avoir réanimé, lui conseillait d'aller dès demain passer 1 électrocardiogramme. Espérons que cela ne sera rien.
Quant à Roland Gransart, l'entraîneur, il tenait exactement les mêmes propos que son directeur sportif. Bien qu'il faisait bon coeur contre mauvaise fortune, il reconnaissait toutefois que la victoire toulonnaise était méritée et qu'il avait bien pensé obtenir le nul, jusqu'à ce coup franc fatidique.
G.R.