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À Mayol : Nantes bat Toulon 3 à 1 (1-1).
Temps doux ; terrain bon ; éclairage bon ; spectateurs : 5.000 ; Arbitre : M. Rideau.
BUTS : Toulon : Pineda (25) ; Nantes : Vulic (45), Makalélé (56), Loko (68).
Toulon : Borrelli, Bérenguier, Thys, Rhinan, Rabat, Anziani, Meyrieu, Pineda ; Entr. : Robert Dewilder.
Nantes : Marraud, Capron, N'Doran, Karembeu, Ouedec, Debotte, Vulic, Pedros, Loko. Entr. Suaudeau.
Remplacements : Toulon : Meyrieu par Arnaud (75).
Nantes : N'Doran par Makalélé (48), Pedros par Moreau (73).
Avertissements : Toulon, Thys (41), Rabat (78), Rhinan (81).
Nantes : N'Doran (38), Karembeu (60), Makalélé (66), Ouedec (78).
Pour recevoir Nantes, second au classement et révélation du début du championnat, Mayol sonnait creux. Mais les fidèles faisaient du bruit comme quinze mille car, eux, sont vraiment motivés et passionnés et il faut leur tirer un grand coup de chapeau. En tout état de cause, le Sporting version Meyrieu mérite vraiment mieux que ça !
C'est dans la composition annoncée que les deux équipes entamaient les débats. Un tacle dangereux de Rhinan sur Ouedec et Borrelli se couchait impeccablement sur ce premier coup franc de Vulic (3e).
Les couples se formaient : Débotté l'ancien Toulonnais se trouvant dans les parages de Eyraud, Rhinan dans ceux de Loko, Capron ne quittant pas Xuereb. Mais avec deux équipes animées des meilleures intentions, le jeu pétillait aux quatre coins du terrain, à l'image d'Anziani, décochant une flèche des trente mètres, obligeant Marraud à une parade désespérée (5e).
Meyrieu, sur une glissade de Vulic, entrait dans la surface de réparation et offrait un caviar à Michel Pineda. Malheureusement, la talonnade du Franco-espagnol passait devant la ligne sans rentrer (8e).
Toulon construisait un football chatoyant, attractif et, en face, dans la tribune Roosevelt, la trompette du père Meyrieu ne s'y trompait pas. Les "jaune et bleu" pressaient les visiteurs dans leur moitié de terrain, sous l'impulsion des latéraux, Thys et Rabat omniprésents et d'un duo de chefs d'orchestre tout simplement étincelants. Anziani et Eyraud. Rarement, nous avions vu le Sporting démarrer une rencontre de cette façon.
Pineda en force, Xuereb tout en déviation, Meyrieu par ses courses et ses crochets... Cela partait de tous les côtés et les "Canaris" n'étaient pas à la fête, devant cette tempête inattendue.
Les coups francs délivrés depuis les côtés commençaient à tracasser sérieusement Vulic, Capron et leurs copains de derrière quand Meyrieu, du bord de la touche, en obtenait encore un. Il le déposait sur les cheveux de Michel Pineda, qui ouvrait le score.
C'était archi-mérité devant tant d'esprit d'entreprise et Mayol explosait de joie car le Sporting, non content de mener au score, ne faisait pas n'importe quoi.
Témoin, Meyrieu venant encore voler dans les pieds du libéro Vulic un ballon mais ne trouvant personne pour l'exploiter, si ce n'est les mains de Marraud.
Au bout d'une demi-heure. Nantes arrivait enfin à sortir la tête de l'eau et enchaînait trois ou quatre passes. C'était suffisant pour mesurer le talent naissant de la bande de Suaudeau. Dommage que, dans un coin du terrain, au milieu de cette frénésie de beau jeu, Loko et Rhinan ne pensaient qu'à régler leurs comptes. Un problème que Xavier, de plus en plus à l'aise dans sa fonction de stoppeur, devra solutionner au plus vite, sous peine de se voir pris en grippe par tous les hommes en noir de France.
Par contre, Thys et N'Dorâm écopaient, tour à tour, des cartons jaunes offerts gracieusement par M. Rideau.
Sur un corner de Pedros, N'Dorâm croisait bien sa tête mais c'est la jambe du virulent Loko qui se trouvait sur la trajectoire (43e).
Et dans les arrêts de jeu, Nantes, contre toute attente, égalisait sur coup franc, par Vulic. Rhinan bien sûr, "fautait" sur Loko. Des vingt-cinq mètres, le Yougoslave déchirait la toile d'araignée de la lucarne de Luc Borrelli. Du grand art.
Mais, à la mi-temps, Nantes s'en sortait vraiment bien.
La deuxième mi-temps débutait encore par un coup de canon du Yougoslave se perdant, heureusement, au dessus de la transversale du gardien de but toulonnais.
Calmement, le Sporting, qui avait pris, à la plus mauvaise minute, un bon coup sur la tête, se relevait de son K.O. Tout le monde y mettait du sien pour se remettre dans le sens de la marche, au prix d'un bel effort collectif, Bérenguier montrant l'exemple, rassurant ses partenaires par un placement impeccable.
Mais Loko obligeait Borrelli à une parade incroyable sur un ballon traînant dangereusement. Cela sentait le roussi et, tout à coup, cela allait se transformer en feu d'artifice. Pedros s'échappait et centrait parfaitement vers Loko, qui écrasait sa reprise. Mais le ballon revenait vers Makelele, qui ne se posait pas de question de trouait Borrelli d'une frappe pure et sèche, des quinze mètres.
En un quart d'heure "pourri", le Sporting avait mangé tout le bénéfice de quarante trois minutes intéressantes. Un coup franc de Meyrieu (encore) et Pineda, d'une pichenette, manquait le cadre d'un rien (65e), devant un Marraud battu et figé.
Dans la minute suivante, M. Rideau ne bronchait pas sur une double agression, en pleine surface, au détriment de Xuereb et Meyrieu. Le plus indiscutable des penalties paraissait devoir s'imposer et les tribunes lui faisaient savoir bruyamment.
Nantes allait profiter au maximum de ces largesses. Devant les locaux énervés devant tant d'injustice et ne pensant plus à leur football, ils allaient faire le break. Toujours avec Vulic au départ, sur coup franc, et avec Loko à la conclusion, à bout portant, seul devant Borrelli.
Pour comble de malheur, l'homme en noir restait encore de marbre devant une charge suspecte (sic) sur Meyrieu, se présentant seul face à Marraud. Si ça n'était pas de la sale préméditation, cela y ressemblait diablement.
Après Monaco (un peu), Saint Etienne (beaucoup), hier soir, les hommes en noir avaient bien rempli la coupe et elle débordait franchement vers le port, tout proche, témoin de cet incroyable concours de circonstance. Et comme le soulignaient, à chaud et à nos côtés, Bernard Romest et Bernard Pardo, en grande conversation dans la tribune de presse, M. Rideau n'en était pas à son coup d'essai vis-à-vis du Sporting.
Il n'y avait plus rien à faire, si ce n'est admirer le talent des jeunes Nantais sur un nuage et retrouvant leur niveau des années 60-70. Tout un programme. Quant au Sporting, il sait maintenant ce qui l'attend : le travail en bleu de chauffe jusqu'au bout et, certainement, pour toute la saison. Un but à trois, comme l'année dernière. L'histoire est un éternel recommencement. Mais cette année, M. Rideau, l'homme en noir, a donné un bon coup de sifflet pour y parvenir.