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A Toulon, Auxerre bat Toulon 1 - 2 (mi-temps 1-1)
Spectateurs : 4.500.
Arbitre : M. Ramos.
Buts pour Toulon : Meyrieu (11e) ; pour Auxerre : Dutuel (21e), Martins (69e).
Les Toulonnais avaient pourtant ouvert la marque par une tête de Meyrieu. Puis Vahirua lançait Dutuel, qui égalisait de la tête. En fin de première période, Toulon réclamait un penalty pour une faute sur Xuereb, mais l’arbitre restait de marbre. A la 69e minute, vint le deuxième but, par Martins. L’ultime effort des Varois fut infructueux. L’arbitre, M. Ramos, a eu une sortie difficile.
L'HUMANITE
Toulon ne croit plus aux
miracles
L’an dernier, le Sporting avait obtenu un sursis inespéré. Les pros
toulonnais se battront jusqu’au bout pour éviter la descente en D2 à la fin
de la saison. Mais la DNCG pourrait, cette fois, pousser le club qui n’a pu résorber
son énorme déficit à déposer le bilan.
UNE fois de plus, les « tuniques bleues » sont arrivées un peu tard pour évacuer
un arbitre vers son refuge des vestiaires. Houspillé par le public du stade
Mayol, durement pris à partie par certains dirigeants et joueurs toulonnais, M.
Ramos, qui n’avait certes pas réalisé, samedi soir dernier, le meilleur
match de sa carrière, ne méritait cependant pas d’avoir à attendre
l’extinction des feux pour s’éclipser discrètement de la capitale varoise.
Pour le président du Sporting, Guy de Courson, l’homme en noir a endeuillé
la fin de saison de son équipe défaite par Auxerre (1-2) « en (nous)
refusant au moins 2 penalties ». Un « hold-up » qui a eu, celui-là, pour
effet de lui faire momentanément baisser les bras.
Voilà six mois, un tel revers face à une équipe « européenne » aurait été
qualifié d’honorable. A quatre journées de la fin du championnat et malgré
un calendrier qui s’annonce favorable, il a été ressenti comme une
catastrophe. Les derniers groupes de fidèles du Sporting (tout juste 5.000
spectateurs samedi dernier) ont quitté le stade tête basse, se sont séparés
près des quais du port en de brefs conciliabules sur l’avenir incertain du
foot professionnel dans la région. Les pizzerias de la vieille ville n’ont
pas réalisé leurs habituelles recettes d’après-match. Joueurs, familles et
noyau dur des supporters s’étaient suffisamment rassasiés de soupe à la
grimace dans les vestiaires...
Il faudrait gagner tous les matches
« Bien sûr, on se battra jusqu’au bout », lâchait
le jeune et talentueux arrière Martin en rangeant rageusement ses crampons dans
un grand sac. « Il faudrait maintenant gagner tous les matches pour espérer
s’en sortir », croyait bon de préciser Meyrieu en s’engouffrant dans
la porte grande ouverte du vestiaire. « Et encore... », jetait un autre
en priant ses collègues d’ajouter autant de lourds points de suspension
qu’il le désirait. Les visages étaient graves. Beaucoup avaient encore les
jambes au paradis de l’élite, mais la tête déjà au purgatoire de la D2,
sans que l’étiquette de « super » dont elle sera affublée ne soit une
consolation.
C’est que le Sporting qui n’arrive pas, malgré quelques bons résultats récents,
à s’arracher des profondeurs du tableau est aussi, et surtout, sous la menace
de tomber dans le trou de la « super-D2 » pour cause de passif financier non
comblé. Le 3 mai dernier, les dirigeants toulonnais ont envoyé à la Direction
nationale de contrôle et de gestion (DNCG) un rapport sur la situation du club.
En résumé, Guy de Courson y explique qu’à la fin de cette saison, la trésorerie
toulonnaise sera excédentaire. « J’ai comprimé la masse salariale à 19
millions de francs alors qu’il était prévu à ce chapitre 21,4 millions et
nous pourrons dégager un total de 8 millions d’excédent », nous précise
le président, excédé que l’on ne parle dans les médias de Toulon qu’au
travers de ses acrobaties financières et non de ses exploits sportifs. Il faut
bien avouer, cependant, que les premières sont souvent plus remarquables que
les seconds...
Une ville aussi acquise au rugby
Ainsi les joueurs toulonnais ont-ils été les seuls cette
saison à menacer de se croiser les pieds pour toucher leur chèque de fin de
mois. Leur (courte) lutte a été payante, comme on dirait à la rubrique
sociale de « l’Humanité », puisque la Mairie de Toulon a débloqué en
urgence sa subvention annuelle, à condition que ces 9 millions de francs
servent aussi aux clubs de jeunes et au remboursement d’emprunts. Il faut également
noter que le Sporting est la seule « entreprise sportive » française sans
sponsor autre que son « patron », Guy de Courson. Ce dernier, homme
d’affaires lié à la municipalité toulonnaise par des projets immobiliers, a
fait inscrire sur les maillots « bleu et or » sa propre marque sans que l’on
connaisse précisément le montant de ses investissements dans le club. Ils
permettent sans doute, avec l’appoint conséquent du conseil général du Var
(11 millions de francs par an) de joindre les deux bouts. Mais ils sont à l’évidence
insuffisants pour commencer à combler un passif cumulé - héritage de la
sulfureuse R. Courbis - de 45 millions de francs.
Or, la « ligne » de la DNCG, encore récemment réaffirmée par son président
Yves Le Graët lors d’une visite d’information dans le Var, est extrêmement
claire : « Plus de club en première division qui ne vive qu’aux crochets des
collectivités locales. » Dans ces conditions, on ne voit pas comment le
Sporting, déjà sportivement en difficulté malgré le travail remarqué de son
trio « A. B. S. » (Alfano, entraîneur des jeunes ; Berenguier, directeur
sportif ; et Storaï, entraîneur des pros), pourrait échapper à la relégation
automatique. « J’ai un sponsor qui apportera 3 millions... si nous restons
en première division », plaide encore, sans apparemment être lui-même
convaincu, Guy de Courson. Mais c’est plutôt de dépôt de bilan, avec cette
fois le retour à un statut amateur, qui guette son « entreprise ». Une
entreprise qui emploie directement une cinquantaine de salariés et
indirectement près de 800 personnes, tous fadas de foot dans une ville aussi
acquise au rugby.
PHILIPPE JEROME