VAR MATIN :

Toulon n'a pu tomber l'OM

2 à 2 dans un stade en folie.

 
Au Stade Bon-Rencontre, Toulon et Marseille 2 à 2 (mi-temps 1-1).

10 154 spectateurs. Arbitre : M. Dailly.

Buts pour Toulon : Blaquart (1') et Dalger (60') ; pour Marseille : Santos (38') et De Falco (90').

Avertissements pour Toulon : Vicent (44') et Alfano (60') ; pour Marseille : Santos (39') et Chancel (54').

Toulon : DUVAL, VICENT, ALFANO, MIJAC, PESCE, FERNANDEZ (N'KOUKA 46'), CHAUSSIN, DALGER, BENEDET, BLAQUART, DIALLO ; entr. : DUVAL.

Marseille : LEVY, JOUANNE, LOPEZ, CAMINITI, ANIGO, DE FALCO, DE BONO, CHANCEL, CASTELLANI, PASCAL, SANTOS ; entr. GRANSART.

Duval vient de bloquer la balle devant Pesce, Sanson, Pascal, Alfano et Vicent (photo HAMON).

Toulon n'a pu tenir jusqu'au bout

    Ambiance folle hier soir à BR, envahi par la foule des grands jours, une foule comme jamais depuis le temps béni de la division 1.

    Il y a une bonne quinzaine d'année la vieille enceinte toulonnaise n'en avait plus connu.

    Bon-Rencontre avait donc comme prévu montré ses limites. La condition restant posée de savoir si le football à Toulon possède aujourd'hui le cadre qu'il mérite. Certes, les supporters olympiens venus en masse et qui faisaient largement jeu égal dans les tribunes avec les Toulonnais ne seront pas toujours là mais le problème méritait déjà d'être posé.

Blaquart d'entrée.

    Le match s'engageait lui sans temps mort, sans round d'observation à tel point qu'il ne fallait que 42 secondes au gardien marseillais Levy pour aller chercher le ballon au fond de ses filets. La 1ère action toulonnaise avait été la bonne. 1 attaque linéaire de Dalger, un relais avec Chaussin, un court centre venu de la gauche et le tour était joué. Blaquart jaillissant au 1er poteau pour percuter le ballon dans le but marseillais. C'était le coup de tonnerre dans le stade et Toulon était même le 1er surpris de sa réussite initiale. Les Marseillais, il faut le dire, se ruaient à l'assaut des buts de Duval. Et Pascal puis Santos ne tardaient pas à montrer que eux aussi savaient être dangereux. Ainsi l'ailier zaïrois (7') créait-il une situation brûlante devant le but de Duval encore sollicité par De Falco 8' et 9' qui gâchait pourtant à cette occasion 1 bon ballon d'attaque.

 

    Toulon reprenait cependant ses esprits et Dalger toujours dangereux venait expédier, après un nouveau relais avec son compère Chaussin, un tir tendu qui venait percuter la transversale de Levy (11'). Le match était parti à 100 à l'heure et les supporters déchaînés se livraient vocalement un beau duel dans les tribunes où les Toulonnais, un moment surpris par la fouge olympienne réalisaient alors leur retard.

 

    Sur le terrain, les affaires toulonnaises allaient aussi de mieux en mieux puisque l'OM passait bien à 2 doigts de la catastrophe. A la 16', Anigo détournait sur sa transversale un coup-franc remarquable de Dalger. Des 2 côtés on ne se ménageait pas, les chocs étaient nombreux mais sans méchanceté. L'OM, petit à petit, prenait la direction des opérations au milieu du terrain et Pascal, de la tête, inquiétait Duval. Sur corner, 2 minutes plus tard, une erreur d'appréciation de Pesce profitait à l'inévitable Santos et Alfano devait venir écarter in-extremis un ballon qui touchait dangereusement la ligne de but toulonnaise (25').

 

Spectateurs : 10574 ; recette 367 000 Frs

    Sous l'impulsion de Dalger, Toulon s'évertuait à ralentir au maximum la cadence afin de couper un rythme marseillais qui ne se démentait pas. Un départ de Santos sur un bel appel de balle de Pascal, mettait le Zaïrois en débordement mais fort heureusement pour Duval, Castellani arrivait un pouce trop tard. Le jeu se déplaçait toujours aussi vite et l'instant d'après, c'est Levy qui venait enlever sur la tête de Diallo un ballon aérien remarquablement centré par Dalger.

 

    Une fois de plus Dalger, l'âme d'une équipe toulonnaise qui avec ses armes propres tenait alors parfaitement la distance d'une équipe olympienne qui justifiait pourtant parfaitement la distance d'une équipe olympienne qui justifiait pourtant parfaitement sa place de leader du championnat.

 

    De Falco et Pascal avait beau pousser à fond toutes leurs actions, Diallo et Benedet ne leur cédaient en rien dans leur goût de l'offensive. Duval et Levy étaient tour à tour sollicités. Le public conquis et partagé vibrait à l'unisson chacun pour les siens s'entend.

 

Santos égalise à la 38'

    C'est sur une action de Castellani que Vicent avait de plus en plus de mal à maîtriser que les Olympiens allaient réussir à égaliser.

 

    Un 1er tir de Pascal sur le centre de l'ailier gauche marseillais repoussé par Duval étant repris de près par Santos qui remettait les 2 équipes à égalité. Nous étions alors à Bon-Rencontre - sur - Canebière, le stade entier vibrant alors au "bleu et blanc" et les Toulonnais accusaient le coup tant dans les tribunes que sur le terrain où Santos déchaîné en cette fin de 1ère mi-temps, était à 2 doigts d'aggraver le score sur une nouvelle action encore venue de la gauche relayée par l'omniprésent Pascal. Vicent écopait même d'1 carton jaune pour avoir descendu Castellani aux alentours immédiats de la surface de réparation toulonnaise alors que l'ailier olympien s'en allait une nouvelle fois tout seul.

 

    Les dernières minutes avant la pause étaient surtout heurtées. Mais c'est sur ce score de parité 1-1 que les 2 équipes rentraient aux vestiaires.

 

    Rien n'était encore joué.

 

    La mi-temps allait durer plus longtemps que prévue puisque s'il y avait de l'électricité dans l'air sur la pelouse et dans les tribunes, il n'y en avait plus beaucoup dans les porjecteurs qui déclaraient soudainement forfaits.

 

    Les plombs avaient bel et bien sauté,ce qui n'avait d'ailleurs de véritablement surprenant dans une telle soirée.

 

    Tous les panneaux n'étaient d'ailleurs pas totalement rallumés lorsque M. Dailly, que l'on avait guère vu jusqu'alors, ce qui est tout à son avantage faisait reprendre la rencontre avec 1 bon quart d'heure de retard.

 

    N'Kouka ne revenait pas avec ses camarades sur la pelouse, Christian Fernandez, l'ex-olympien, faisant alors son apparition dans l'équipe "azur et or". De plus, Marcel Duval avait permuter Pesce et Vicent. La mi-temps avait d'ailleurs permis aux Toulonnais un peu perturbés en fin de 1ère période, de reprendre leurs esprits, Dalger venant placer un excellent tir sur lequel Levy devait se coucher (50').

 

    Le capitaine toulonnais poussait ensuite Chancel à la faute, ce qui valait un carton jaune au n°6 olympien (53'). Le jeu se durcissait et Alfano, sévèrement touché dans un choc avec Castellani, se faisait soigner sur la touche. Le derby montait d'un ton et les Olympiens se laissaient aller à quelques "semelles" bien inutiles. Dalger sur coup-franc forçait Levy à une belle parade, Toulon reprenait quelque peu les rênes du match.

 

Dalger relance Toulon (59')

 

Bénédet a tiré. Le ballon va percuté le dos d'Anigo et revenir dans les pieds de Dalger. Ce sera le 2ème but toulonnais. (photo RAYNAUD).

 

    Cela n'allait d'ailleurs par tarder à se concrétiser au tableau d'affichage : un départ en force de Blaquart, une percée de Diallo qui échappait à Jouanne, un centre remarquable pour Bénédet qui armait sa reprise, la manquant, le ballon rebondissant sir Anigo pour abandon dans les pieds de Dalger. Impitoyablement du pied droit, le capitaine toulonnais logeait le ballon dans le but de Levy (59').

 

    Les marseillais cette fois accusaient le coup et oubliaient quelque peu leur football, ainsi Anigo et Bénédet en venaient un moment aux mains tandis que Diallo venait effectuer un joli slalom sur le côté droit, sans bénéfice malheureusement pour Bénédet.

 

De Falco ramène l'OM (70')

    Cet avantage, les Toulonnais n'allaient cependant pouvoir le conserver qu'11 minutes, une faute d'Alfano sur un nième départ de Pascal était sanctionné d'1 carton jaune et d'1 coup-franc, joué très vite par Santos pour De Falco qui, de 20 mètres du gauche, ne laissait aucune chance à Duval.

 

    L'oxygène cette fois c'est l'OM qui se l'était insufflé et Toulon se prenait à douter malgré quelques percées de Diallo et une tête dangereuse d'Alfano (74').

 

    Marc Duval "sortait" alors un nouveau coup franc de De Falco qui était bien parti.

 

    Mais l'occasion du match c'est bel et bien Santos qui allait la gâcher sur un ballon perdu par Dalger et récupéré par De Falco. Seul au point de pénalty, face à Duval, l'ailier olympien ratait sa reprise, Toulon revenait de loin.

 

    Diallo à la limite du hors-jeu échappait à la défense olympienne mais voyait son effort annihilé par une "sortie kamikaze" de Levy.

 

    Les 2 équipes jetaient leurs dernières forces dans la bataille mais plus rien ne sera marqué.

 

    Nouveau point gagné, nouveau point perdu, le débat reste à faire, les 15000 spectateurs d'hier soir à BR pourront seulement avoir la satisfaction de pouvoir dire "j'y étais". Hier soir, en effet, il fallait y être.

 

Bernard ROMEST.

 

André Sudre, président du S.C. TOULON

 

    " Le résultat est logique dans l'ensemble après un match tendu digne des plus grands derbies. Une grande satisfaction tout de même avec le Yougoslave Mijac qui est passé du milieu du terrain au poste de libéro avec beaucoup de facilité. Avec un beau match à Cannes, il s'est sans aucun doute définitivement imposé à son nouveau poste. Une déception toutefois du côté du public toulonnais qui manque de mordant et n'a pas la passion de celui de l'OM. Un club c'est un tout, des dirigeants, des équipes et un public qui communie entièrement avec ses favoris. "

 

Marcel Duval, entraîneur du S.C. TOULON

 

    " Le match nul est équitable. L'OM a une très bonne équipe. Les marseillais m'ont agréablement surpris et si Michel Hidalgo recherche 1 avant-centre, il n'a qu'à aller faire un tour du côté du stade vélodrome, Pascal est certainement celui qu'il recherche. "

 

Claude Cuny, manager général de l'OM

 

    " Malgré le manque de réussite, nous faisons un bon résultat. Nous avons fort bien terminé la 1ère période, puis la coupure de courant nous a quelque peu contrarié. Il aura fallu le but de Dalger qui permettait à Toulon de reprendre une nouvelle fois l'avantage pour que nous nous retrouvions complètement. "

 

Rolland Gransart, entraîneur de l'OM

 

    " Satisfait bien sûr, mais l'impression d'être passé très prêt de la victoire. Car nous avons gâché plusieurs occasions en fin de 1ère mi-temps.

 

    Nous restons toujours invaincus. Le résultat est donc positif. "

 

Des nouveaux Jésus ... au black out total

    Ce n'est peut-être qu'une légende, mais la "Bible" nous l'a transmise. Sur les bords du lac de Tibériade, Jésus nourrit un jour 3000 personnes avec 3 pains et 3 poissons.

    On se demandait, hier soir, comment se débrouilleraient les dirigeants du Sporting pour caser près de 15000 personnes dans un stade n'en offrant qu'une dizaine.

    Eh bien, une fois encore, le miracle a eu lieu, non sans quelques bousculades et de nombreuses protestations ; sur les rives de la mer de Galiléen les fidèles tombèrent dit-on, à genoux, les bras en croix.

    A BR, les spectateurs évitèrent ces élans ; diable... les pôvres ! Ils étaient serrés comme des sardines et ne pouvaient bouger.

    Au vrai, pour être précis, nous n'affirmerons pas que tout le monde fut placé dans d'excellentes conditions pour visionner le match, sinon pour le vivre. Après tout, la légende palestinienne ne garantit pas que tous les convives furent eux-mêmes rassasiés.

 

    17h30, déjà des centaines de voitures dès la sortie de la bretelle de l'autoroute, à 1500 m du stade. Beaucoup d'immatriculations phocéennes, comme le confirmeront les drapeaux "bleu et blanc" brandis dans les tribunes depuis plus d'une heure. Triple haie de voitures au coeur de l'avenue ; d'innombrables autres garées dans tous les coins et recoins, vraiment la foule des grands jours réunie de bonne heure.

    Plus de places assises sur les gradins nord-sud, derrière les poteaux, les supporters marseillais ayant fait le forcing d'entrée. 1 h plus tard, les fanions "jaune et bleu" rétabliront l'équilibre, dans une folle ambiance de kermesse.

 

    Ils sont venus, ils sont tous là. Heureux de revivre les grandes heures du SCT, plusieurs anciens joueurs de "la grande époque" sont venus se retremper dans l'atmosphère de leur - récente - jeunesse.

    Bernard Roubaud, actuellement entraîneur à Manosque, après avoir défendu également les couleurs de Sedan, nous dit toute son émotion de retrouver BR.

    Comme le toujours jeune Fournier, qui garde au coeur les minutes inoubliables vécues (à Mayol) quand il marqua le but "historique" à la défense marseillaise. C'était en 66, c'était hier pour lui !...

 

    Ils sont venus de tous les coins du département, les supporters toulonnais, de toutes les disciplines également. Voici Bertrand Gallion, le populaire talonneur sur RCT : " Le bienfait de l'avion puisque nous ne partirons que demain matin ... j'adore le football que je pratique ne délassement, et puis le Sporting est l'ami du RCT. "

    Pour preuve, Bertrand est accompagné de son camarade Roger Sudre, fils du président local. Qui donc a dit que des problèmes opposaient rugbymen et footballeurs toulonnais ! ...

 

    L'organisation mise sur pied par le SCT fonctionne à merveille et il faut parfois beaucoup de clairvoyance pour éviter les pièges des resquilleurs.

    L'ami Jean Cola, cerbère de l'entrée conduisant aux vestiaires des joueurs, doit écarter tour à tour un quidam se présentant en civil, avec un képi de policier à la main, puis un autre tentant de forcer le locus... avec une carte de pêche barrée d'un ruban tricolore.

 

    18h : arrivée des joueurs du Sporting en voitures particulières par l'annexe du terrain de boules conduisant au stade d'entraînement. C'est aussitôt la ruée des aficionados accrochés aux grilles du stade.

    Ils viennent d'un petit séminaire amical à l'hôtel Frantel, organiser pour éviter aux joueurs le contact de la foule, parfois encombrante des supporters surexcités.

    Chacun arbore une mine détendue, voire réjouie. C'est le grand calme extérieur tout au moins. Au fil de l'entrée aux vestiaires, quelques mots rapidement glissés :

    André SUDRE : "Quelle joie de jouer dans un stade comble. Les problèmes, car il y en a toujours, s'estompent dans une telle atmosphère. Tous les joueurs sont prêts à justifier leurs légitimes ambitions."

    Marcel DUVAL : "Un match qui vient quand même au bon moment pour étalonner notre niveau. Peut-être un peu tôt quand même, il nous aurait fallu un autre test après le tournant pris à Cannes."

    "Sur le plan technique, nous sommes pratiquement au point. Et j'espère que mes garçons sauront s'accommoder de cette ferveur populaire à laquelle ils sont moins habitués que leurs adversaires du jour."

    Eric VICENT : "La chance m'offre aujourd'hui de retrouver ma place, je serai digne de la saisir. J'aime ces rencontres passionnées où il faut garder la tête froide et se donner à fond."

    Dalger garde sa sérénité coutumière. Diallo son bon sourire réjoui. Alfano son regard de corsaire. Et voici que s'approche Bérenguier. Lui a les yeux embués de larmes :

    " J'en ai gros sur le coeur car ce match là, je voulais le jouer. Moralement, je serai avec mes camarades, mais il est dur de rester sur le bord de la touche..."

 

    20 h : les minutes ont passé, la tension a monté, monté. Quand les joueurs du lever de rideau (SCT-Mazargues, match amical juniors) quitteront la pelouse, l'effervescence sera à son comble.

    Fanions brandis, banderoles agitées et des chants, des chansons, des centaines de pétards fusants aux 4 coins du stade.

    Presque une atmosphère de folie dans cette fantasia populaire où, il faut bien le reconnaître, l'orchestration splendidement organisée vient du côté marseillais.

    Et quand les 2 équipes vont pénétrer sur la pelouse verdoyante de BR, ce sera une ovation délirante.

    La suite vous est narrée plus haut, par notre ami Bernard Romest.

    Les impératifs du travail m'ont contraint à quitter le stade à la mi-temps. Nous avions encore en mémoire un 1er acte émouvant au possible.

   Le but surprise de Blacquart, le tir de Dalger sur la barre et puis la terrible et talentueuse pression marseillaise sous la conduite du trio Santos - Pascal - Castellani, jusqu'au but égalisateur peu avant le repos.

   Et quand nous quittons le stade, la panne de courant plongeant BR et ses alentours dans les ténèbres... les plombs avaient sauté !

   Trop de pression dans les coeurs, sans doute. Vraiment un Sporting - OM sortant de l'ordinaire.

 

Gérard BORDA.