Journée 30

Un avant-centre nommé Alfano

Au stade Mayol, S.C. Toulon bat A.S. Cannes 1-0 ( 0-0).

Temps froid et venté.

4.000 spectateurs environ ; terrain amélioré ; arbitre M. Girard.

BUT : Pour Toulon : Paganelli (70e).

Avertissements : Lacuesta (Cannes) 76e.

S.C. Toulon : Borrelli, Berenguier, Casoni, Mendy (puis Ginola 68e), Denizart, Pardo (cap.), Chaussin, Zahoui, Paganelli, Alfano, Morracchini (puis Benedet 46e) ; Entr. : Rolland Courbis.

Cannes : Morisseau, Sassus, Pilorget, Primorac, Debru, Polaniok, Lacuesta, Barberat, Emon, Savic, Bellone ; Entr. : Jean Fernandez.

    Avec Rolland Courbis, il faut s'attendre à tout. L'entraîneur toulonnais nous avait réservé une surprise dont il a le secret, pour la venue de Cannes. Joël Henry, souffrant d'une bronchite depuis plusieurs jours, il avait confié la place d'avant-centre à Luigi Alfano. Tout simplement.

    Et il nous est agréable de dire que le stratagème a parfaitement fonctionné.

    Il fallait voir la tête, au coup de sifflet initial, de l'entraîneur Jean Fernandez. Car, pour lui, qui met le football en fiches, ce n'était pas prévu au règlement. Quelques minutes pour s'adapter, et le tandem Pilorget-Primorac voyait fondre sur lui un ouragan, notamment dans les airs, où Luigi était intenable (en bon stoppeur qui se respecte).

    Déviation de la tête, talonnade en pleine course, travail en pivot : tout y passait pour un garçon qui ne se posait aucune question et qui, en plus, avait l'adhésion totale d'un public séduit par le scénario et qui a toujours aimé les combattants.

    A la 40e minute, la tête de Luigi passait juste à côté du but de Morrisseau.

    En deuxième période, Morracchini sortait et laissait sa place à Bénédet. Le Sporting devait faire la décision avec un tandem Alfano-Bénédet : comme aux bons vieux jours

    Et cela marchait, car les Toulonnais prenaient enfin le match à leur compte.

    48e : tacle vigoureux sur Emon : pas de cadeau, même avec les anciens.

    60e : amorti de la poitrine en pleine course, violent tir croisé que Morisseau a toutes les peines du monde à mettre en corner : du travail bien fait.

    65e : cela ne va pas assez vite pour Alfano, qui veut absolument remporter ce match. Il ramasse même les ballons des Cannois en sortie de but pour qu'ils ne perdent pas de temps.

    70e But de Paganelli : Alfano galvanise ses troupes depuis le rond central pour qu'il n'y ait pas de relâchement.

    79e : Luigi va au bout de sa course et heurte le gardien cannois : arrêt de jeu.

    84e : Denizart déborde tout le monde et centre. Qui se trouve à la réception ? Alfano, bien sûr. Contrôle, déviation pour "Paga" qui tire sur la transversale.

    Vous avez dit complet ?

    Car, pour un match plein, ce fut un match plein de la part de Luigi.

    Sans fioriture, sans temps mort, en serrant les dents et en s'accrochant sur tous les ballons.

" Tu es un phénomène " (Casoni) ; " Cantona doit faire maintenant attention " (Eric Goiran) : les réflexions joyeuses et tapes amicales pleuvaient dans les vestiaires.

    Luigi était heureux, conscient d'avoir bien rempli sa tâche.

    " Il ne m'a manqué que le but. J'ai même réussi à faire avoir un carton jaune à Lacuesta. Il faut rester les pieds sur terre : ce n'est qu'une solution de dépannage. Mais je peux te dire que Pilorget se faisait du souci ! "

    Une fois de plus, Luigi a étonné. Il finit la saison à cent à l'heure. Que ce soit comme stoppeur, comme milieu défensif, comme buteur (à Montpellier) ou comme avant-centre, il réussit dans tout ce qu'il entreprend.

    Vraiment, un homme en or pour un Courbis plus diabolique que jamais. Heureusement que Rolland dispose de plusieurs garçons de ce type pour appliquer ses théories. Maintenant, plus rien ne nous étonnera. Ah ! si, peut-être : voir Borrelli jouer ailier gauche. Et encore...