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MONACO et TOULON 0-0.
A Monaco, stade Louis II, Temps : doux. Pelouse : bonne. Eclairage : satisfaisant.
Spectateurs : 6.097. Recette : 264.867 francs. Arbitre : M. Wurtz.
MONACO : Ettori - Sonor, Vogel (puis Puel 43e), Battiston, Amoros - Metais, Dib, Mege, Hoddle - Fofana (puis Da Fonseca 24e), Hâteley.
S.C. TOULON : Borrelli - Berenguier, Alfano, Mendy, Denizart -Zahoui, Pardo, Ginola, Dupraz, Benedet (puis Taberner 90e), Henry (puis Vernet 75e).
La nuit portant conseil, Rolland Courbis avait changé son fusil d'épaule. Tactiquement, le coup tenté était, on ne peut plus audacieux : partant du principe que toutes les mèches monégasques étaient armées par Manuel Amoros, l'arrière de l'équipe de France se voyait gratifié d'un cerbère particulier : Eric Denizart. Avec seulement trois arrières ; Mendy, s'occupant d'Hateley, sans aucune sécurité derrière lui, le banco était osé. Mais Rolland Courbis sachant que " qui ne risque rien n'a rien " avait mûrement réfléchi son plan avant 20 h 30.
Il ne restait plus à Bernard Pardo et ses coéquipiers, qu'à le mettre en pratique. Dès la deuxième, Borelli devait s'aventurer dans les pieds d'Hateley : il s'en sortait remarquablement grâce à un plongeon téméraire. Les " Blanc et Rouge " monopolisaient toujours le ballon grâce à un milieu de terrain très fourni et des plus techniques dans lequel l'ex-toulonnais, Marcel Dib, se distinguait tout particulièrement. Le Sporting subissait et Vogel, sur corner d'Hoddle, plaçait un coup de tête dans les bras de Borrelli (5e). Pardo, Zahoui, Ginola commençaient alors à prendre leur marque et desserraient l'étreinte. Joël Henry faisant quelques misères au stoppeur Vogel.
M. WURTZ FAIT LE SPECTACLE
C'est Bénédet, sur un long dégagement, qui créait le premier danger, mais les Monégasques se mettaient à trois pour contre-carrer sa longue course. L'inimitable M.Wurtz, réveillait alors le public local par quelques gestes de danseur espagnol, dont il a le secret et on commençait à entendre le Kop toulonnais, quand Joël Henry, sur une lumineuse ouverture de Pardo, manquait un lob difficile devant Ettori : c'était la première action tranchante toulonnaise (13e). Il avait fallu treize minutes pour que le Sporting prenne ses marques et redevienne le Sporting que l'on connaît, c'est-à-dire conquérant.
Sur un superbe centre en retrait de Mege, Fofana venait placer une tête au premier poteau, mais le ballon passait une nouvelle fois juste à côté. La rencontre était plaisante et pouvait basculer en faveur des locaux quand l'arbitre de touche, sur un coup-franc d'Hoddle, ne levait pas son drapeau pour signaler un hors-jeu monumental d'Hateley. Heureusement, l'Anglais surpris comme tout le monde, M.Wurtz y compris, gâchait cette occasion.
Da Fonseca, le franco-argentin, prenait la place de Youssouf Fofana, blessé : le pouvoir offensif centralisé augmentait encore. Heureusement, Mendy, Berenguier et un super Luigi Alfano faisaient bonne garde. Derrière, cela tenait la route ; devant Denizart jugulait Amoros : il restait aux autres à se mettre au diapason. Hoddle, Hateley, " y perdaient leur anglais ". Battiston ne savait plus, s'il fallait venir renforcer une attaque déjà fournie : Monaco tournait en rond et son public ronronnait. Denizart dribblait coup sur coup, deux fois, Amoros : c'était, le monde à l'envers.
GINOLA TOUT PRES
Sur le second, son centre au cordeau trouvait Ginola à la réception, mais David manquait la reprise acrobatique d'un cheveu. Hateley d'un côté, Benedet de l'autre poussaient alors deux charges furieuses, que les défenses avaient toutes les peines du monde à endiguer, mais le score demeurait vierge, lorsque M Wurtz renvoyait les deux équipes aux vestiaires.
Dès la 46e, Denizart et Joël Henry fabriquaient un superbe ballon d'attaque pour Ginola. Celui-ci grillait la défense en ligne monégasque et se présentait seul devant Ettori, qui arrivait à lui subtiliser le ballon. Le rythme s'était tout à coup élevé : Da Fonseca, Mege puis Zahoui créaient encore des brèches.
L'OCCASION D'HENRY
Benedet s'engageait à cent à l'heure sur son aile droite et centrait en retrait pour Joël Henry. La reprise de celui-ci était contrée in-extrémis par Puel. Cela chauffait et le Sporing jouait crânement sa chance face au leader du championnat, nettement bousculé sur sa pelouse. Pardo, Zahoui, Dupraz avaient une main mise totale sur l'occupation du terrain et à l'attaque de la dernière demi-heure, le Sporting méritait un avantage. Mege, de très près rappelait aux "Azur et Or ", que le feu couvrit sous la cendre : sa volée frisait le poteau gauche de Borrelli.
Zahoui, sur un centre parfait de Denizart, s'arrachait alors quelques dreadlocks, quand Ettori sortait son tir d'une manchette : on se croyait à Mayol. Monaco n'arrivait même plus à porter le danger dans le but de Borrelli. Par contre, les occasions du Sporting s'accumulaient comme sur un boulier. Ginola, Joël Henry et François Zahoui donnaient la leçon et il ne manquait pas grand chose, pour mettre enfin ce ballon au fond.
BORRELLI DANS SES ŒUVRES
Pardo exhortait encore ses troupes à plus d'ambitions, en montrant lui-même un brillant exemple : c'était du grand Pardo, le turbo était de nouveau là. Taberner succédait à Joël Henry (85e) et Monaco avait toujours peur. Pourtant, il jetait son va-tout : Da Fonseca et Hateley tentaient le tout pour le tout, mais Borrelli et sa défense se montraient très inspirés.
Le gardien toulonnais réalisait encore un exploit sur un tir de Da Fonseca, en le stoppant du bout des doigts. La fin état toutefois haletante : les vingt-deux acteurs donnaient le maximum et la débauche d'énergie était totale. Finalement, on en restait là : mais ce point là vaut bien toutes les victoires.
Car ils sont allés le chercher avec leurs tripes leur talent et une nouvelle fois, un coup de poker d'un sorcier nommé Rolland Courbis. Mais là, on se répète.