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L'EQUIPE
TOULON 1 - MARSEILLE 2
Stade Mayol. Temps frais. Pelouse extrêmement grasse, à la limite du praticable.
Arbitre : M. Quiniou.
10 000 spectateurs.
Buts : Papin (60e, sur penalty), Forster
(65e) pour l'OM ; Dominguez (27e) pour Toulon. Avertissements : Dominguez (16e),
Henry (61e).
TOULON : Mottet - Berenguier, Casoni, Mendy, Alfano (puis Dupraz, 70e) - Pardo, Zahoui, Denizart, Henry - Makanaky, Dominguez. Entr. : Courbis.
MARSEILLE : Bell - Fall, Forster, Domergue, Santini (puis Delamontagne, 33e) -
Le Roux, Passi, Giresse (puis Bouafia, 73e), Diallo - Papin, Allofs. Entr. :
Banide.
10e
: Coup franc tiré par Allofs, Mottet doit s'y reprendre à deux fois pour capter
le ballon.
19e : Percée de Makanaky sur le flanc gauche. Centre sur Henry, dont le tir est
arrêté par Bell.
27e : Makanaky, encore lui, récupère un ballon à la limite du hors jeu. Son
tir est contre par Bell, mais repris par Dominguez qui marque (1-0).
32e : Faute sur Diallo à une vingtaine de mètres des buts Toulonnais. Coup
franc tiré à ras de terre par Allofs. La balle sera repoussée par le montant
gauche du but garde par Mottet.
60e : Papin à la lutte avec Mendy dans la surface de réparation Toulonnaise.
Sur cette action, l'avant-centre Marseillais donne la nette impression de s'écrouler
volontairement. M. Quiniou n'hésitera pourtant pas une seconde. Il accordera un
trop généreux penalty aux Marseillais. En force et sur le côté gauche, Papin
le concrétise (1-1)
65e : Coup franc tiré par Allofs sur la tête de son compatriote Forster qui ne
laisse aucune chance à Mottet (1-2).
L'IMPONDERABLE
JOEL QUINIOU
Rolland Courbis avait préparé son plan pour battre l'OM. Il avait oublie que
l'arbitre peut toujours commettre une erreur d'appréciation...
Violentes empoignades et jets de bouteille sur le terrain du stade Mayol, délicats
matraquages des supporters toulonnais au moment de la sortie des joueurs
marseillais. Autant d'images qui donnent un éclairage plutôt sombre de la
rencontre Toulon-OM. Pourtant, cette vision est imparfaite. En effet, ces scènes
regrettables ne devraient pas nous faire oublier l'essentiel. La rencontre entre
ces deux équipes fut de haute tenue. Elle avait même débuté par un sourire.
Celui de Rolland Courbis, l'entraîneur toulonnais. Il nous expliquait les
recettes ayant permis à son équipe d'effectuer un honorable parcours en
championnat. "Nous faisons partie de ces équipes qui, pour s'en sortir,
doivent toujours jouer leur match à 100% .A chaque fois, il nous faut être au
maximum sur le plan physique, mental et tactique. Vous savez, le football, c'est
un peu comme le cinéma. Il faut un producteur, un metteur en scène et de bons
acteurs. En football, ce sont les dirigeants, l'entraîneur et les joueurs. La réussite
passe par la solidarité de ces trois composantes. Elles doivent assumer
les succès et les défaites. Cette saison, cela fonctionne plutôt bien. Sur
nos vingt et une rencontres disputées, je peux dire que nous en avons réussis
dix-huit. Même si cela ne se reflète pas toujours sur le tableau d'affichage.
En football, la part des impondérables est importante. Il y a des poteaux, des
arbitres..."
L'essentiel, on l'a bien compris, étant pour Courbis, le respect du scénario
impose par le metteur en scène. Mais comme le football, ce n'est pas totalement
du cinéma, il lui faut souvent adapter l'histoire d'une rencontre aux forces et
faiblesses de l'adversaire. C'est ce que fit Rolland Courbis pour recevoir les
Marseillais. Et quelques minutes avant le coup d'envoi de la rencontre, l'entraîneur
Toulonnais nous confia la façon dont il imaginait piéger les hommes de Gérard
Banide.
"Cadeau de Noël pour l'OM"
"Ce soir, je fais jouer Casoni et Denizart. Deux gauchers pour venir
troubler les Marseillais sur leur flanc droit. Je crois lire une certaine
faiblesse de ce cote-la. Mais je n'en suis pas sur. Dans le même ordre d'idées,
je fais rentrer Makanaky. Il a les qualités pour dynamiter la défense
Marseillaise. Malheureusement, je crains qu'en raison de l'état déplorable du
terrain nous ne puissions profiter pleinement de sa vitesse de course et de son
aisance technique. Enfin, on fera le bilan après le match. Ah! autre chose,
j'ai demande a mes joueurs de rentrer immédiatement dans le vif du débat. Pas
de round d'observation. Ca c'est un peu la surprise du chef. Maintenant, on va vérifier
de quelle manière on respectera ce scénario. En espérant ne pas être
victimes de trop nombreux impondérables."
Le plus étonnant dans cette prévision d'avant-match, c'est qu'elle se concrétisa
totalement sur le terrain. C'est sur le cote gauche de l'attaque Toulonnaise que
se développèrent les actions les plus tranchantes. Et Makanaky, dans ce
contexte, se révélera comme l'atout majeur jeté par Rolland Courbis sur le
tapis vert du stade Mayol. C'est l'attaquant camerounais qui offrit une balle
immanquable, et pourtant ratée, à Joël Henry.
C'est encore lui qui permit à Dominguez d'ouvrir la marque pour Toulon. La stratégie
Toulonnaise se révélait d'une rare justesse. Toulon malgre une pelouse gorgee
d'eau et la réplique d'une excellente formation Marseillaise pesait sur le
match. L'équipe de Courbis, avec art et méthode, se rendait maître de son
destin.
Jusqu'au moment ou survint l'impondérable tant redouté. Samedi soir, il
prendra le visage de l'arbitre M. Quiniou. Le penalty injustifié qu'il accorda
aux joueurs Marseillais fit déraper ce match de si bonne tenue. Toulon y perdit
ses nerfs et les deux deux points du matchs. La fête tourna au drame. A la fin
de la rencontre, pendant que les CRS sonnaient la charge, le vestiaire
Toulonnais prenait le deuil.
Mendy expliquait : "Papin a poussé trop loin son ballon. Nous étions cote
à cote, il s'est rabattu sur moi et a plongé. Lorsque je suis venu demander une
explication a M. Quiniou, il n'a pas trouvé autre chose à me dire que
: "C'est sifflé, c'est sifflé".
M. Quiniou a offert un beau cadeau de Noel aux Marseillais".
Rolland Courbis qui avait escorté l'arbitre à sa sortie du terrain, masquait sa colère
sous les traits de l'ironie. " Vous voyez, nous avons vraiment respecté
notre scénario initial. Mais les impondérables ont tué notre histoire. Ce
soir, l'impondérable était de taille. Il s'appelait M. Quiniou. Je me console
en me disant que l'on peut être fiers de nos vingt et un points acquis en
championnat. Ils ne doivent rien à personne. En effet, depuis le début de la
saison, nous n'avons jamais bénéficié d'un penalty sur notre pelouse. Enfin, malgré
tout, ce soir, j'envie Marseille ! "
LES NOTES DE L'EQUIPE
TOULON
Mottet : 5
Berenguier : 6
Casoni : 5
Mendy : 6
Alfano : 4
Pardo : 8
Zahoui : 7
Denizart : 4
Henry : 7
Makanaky : 8
Dominguez : 5
MARSEILLE
Bell : 5
Fall : 4
Forster : 7
Domergue : 6
F. Passi : 5
Delamontagne : 4
Le Roux : 4
Giresse : 4
Diallo : 4
Papin : 5
Allofs : 8
LE JEU ET LES JOUEURS
Malgré l'état déplorable de la pelouse du stade Mayol, les deux formations
offrirent aux spectateurs un spectacle de qualité. Ce sont les Toulonnais qui,
la plupart du temps, s'assurèrent le contrôle du ballon. Mais Marseille, en
contre, joua parfaitement le coup, ce qui donna a cette rencontre un caractère
parfaitement équilibre.
Dans l'équipe Marseillaise, BELL fut irréprochable. FORSTER fut un impeccable
patron de la défense Marseillaise. DOMERGUE fut précieux par sa relance soignée.
PAPIN n'émergea qu'après la réalisation de son penalty. ALLOFS, lui, fut
simplement genial. Il fut a l'origine de toutes les actions dangereuses de l'OM.
A Toulon, le joueur le plus en vue fut certainement MAKANAKY. Toutes ses accélérations
plongèrent la défense Marseillaise dans l'angoisse. PARDO fut remarquable dans
son travail de récupération. Il trouva une aide précieuse dans la compagnie
de Joël HENRY et de ZAHOUI. Le libero MENDY fit admirer ses grandes qualités
physiques et son excellent potentiel technique.
Michel Nait-Challal