Journée 22

L'EQUIPE

TOULON 1 - MARSEILLE 2

Stade Mayol. Temps frais. Pelouse extrêmement grasse, à la limite du praticable.

Arbitre : M. Quiniou.

10 000 spectateurs.

Buts : Papin (60e, sur penalty), Forster (65e) pour l'OM ; Dominguez (27e) pour Toulon. Avertissements : Dominguez (16e), Henry (61e).

TOULON : Mottet - Berenguier, Casoni, Mendy, Alfano (puis Dupraz, 70e) - Pardo, Zahoui, Denizart, Henry - Makanaky, Dominguez. Entr. : Courbis.


MARSEILLE : Bell - Fall, Forster, Domergue, Santini (puis Delamontagne, 33e) -
Le Roux, Passi, Giresse (puis Bouafia, 73e), Diallo - Papin, Allofs. Entr. : Banide.

10e : Coup franc tiré par Allofs, Mottet doit s'y reprendre à deux fois pour capter le ballon.
19e : Percée de Makanaky sur le flanc gauche. Centre sur Henry, dont le tir est arrêté par Bell.
27e : Makanaky, encore lui, récupère un ballon à la limite du hors jeu. Son tir est contre par Bell, mais repris par Dominguez qui marque (1-0).
32e : Faute sur Diallo à une vingtaine de mètres des buts Toulonnais. Coup franc tiré à ras de terre par Allofs. La balle sera repoussée par le montant gauche du but garde par Mottet.
60e : Papin à la lutte avec Mendy dans la surface de réparation Toulonnaise. Sur cette action, l'avant-centre Marseillais donne la nette impression de s'écrouler volontairement. M. Quiniou n'hésitera pourtant pas une seconde. Il accordera un trop généreux penalty aux Marseillais. En force et sur le côté gauche, Papin le concrétise (1-1)
65e : Coup franc tiré par Allofs sur la tête de son compatriote Forster qui ne laisse aucune chance à Mottet (1-2).

 

L'IMPONDERABLE JOEL QUINIOU

Rolland Courbis avait préparé son plan pour battre l'OM. Il avait oublie que l'arbitre peut toujours commettre une erreur d'appréciation...

Violentes empoignades et jets de bouteille sur le terrain du stade Mayol, délicats matraquages des supporters toulonnais au moment de la sortie des joueurs marseillais. Autant d'images qui donnent un éclairage plutôt sombre de la rencontre Toulon-OM. Pourtant, cette vision est imparfaite. En effet, ces scènes regrettables ne devraient pas nous faire oublier l'essentiel. La rencontre entre ces deux équipes fut de haute tenue. Elle avait même débuté par un sourire. Celui de Rolland Courbis, l'entraîneur toulonnais. Il nous expliquait les recettes ayant permis à son équipe d'effectuer un honorable parcours en championnat. "Nous faisons partie de ces équipes qui, pour s'en sortir, doivent toujours jouer leur match à 100% .A chaque fois, il nous faut être au maximum sur le plan physique, mental et tactique. Vous savez, le football, c'est un peu comme le cinéma. Il faut un producteur, un metteur en scène et de bons acteurs. En football, ce sont les dirigeants, l'entraîneur et les joueurs. La réussite passe par la solidarité de  ces trois composantes. Elles doivent assumer les succès et les défaites. Cette saison, cela fonctionne plutôt bien. Sur nos vingt et une rencontres disputées, je peux dire que nous en avons réussis dix-huit. Même si cela ne se reflète pas toujours sur le tableau d'affichage. En football, la part des impondérables est importante. Il y a des poteaux, des arbitres..."
L'essentiel, on l'a bien compris, étant pour Courbis, le respect du scénario impose par le metteur en scène. Mais comme le football, ce n'est pas totalement du cinéma, il lui faut souvent adapter l'histoire d'une rencontre aux forces et faiblesses de l'adversaire. C'est ce que fit Rolland Courbis pour recevoir les Marseillais. Et quelques minutes avant le coup d'envoi de la rencontre, l'entraîneur Toulonnais nous confia la façon dont il imaginait piéger les hommes de Gérard Banide.

"Cadeau de Noël pour l'OM"

"Ce soir, je fais jouer Casoni et Denizart. Deux gauchers pour venir troubler les Marseillais sur leur flanc droit. Je crois lire une certaine faiblesse de ce cote-la. Mais je n'en suis pas sur. Dans le même ordre d'idées, je fais rentrer Makanaky. Il a les qualités pour dynamiter la défense Marseillaise. Malheureusement, je crains qu'en raison de l'état déplorable du terrain nous ne puissions profiter pleinement de sa vitesse de course et de son aisance technique. Enfin, on fera le bilan après le match. Ah! autre chose, j'ai demande a mes joueurs de rentrer immédiatement dans le vif du débat. Pas de round d'observation. Ca c'est un peu la surprise du chef. Maintenant, on va vérifier de quelle manière on respectera ce scénario. En espérant ne pas être victimes de trop nombreux impondérables."
Le plus étonnant dans cette prévision d'avant-match, c'est qu'elle se concrétisa totalement sur le terrain. C'est sur le cote gauche de l'attaque Toulonnaise que se développèrent les actions les plus tranchantes. Et Makanaky, dans ce contexte, se révélera comme l'atout majeur jeté par Rolland Courbis sur le tapis vert du stade Mayol. C'est l'attaquant camerounais qui offrit une balle immanquable, et pourtant ratée, à Joël Henry.
C'est encore lui qui permit à Dominguez d'ouvrir la marque pour Toulon. La stratégie Toulonnaise se révélait d'une rare justesse. Toulon malgre une pelouse gorgee d'eau et la réplique d'une excellente formation Marseillaise pesait sur le match. L'équipe de Courbis, avec art et méthode, se rendait maître de son destin.

Jusqu'au moment ou survint l'impondérable tant redouté. Samedi soir, il prendra le visage de l'arbitre M. Quiniou. Le penalty injustifié qu'il accorda aux joueurs Marseillais fit déraper ce match de si bonne tenue. Toulon y perdit ses nerfs et les deux deux points du matchs. La fête tourna au drame. A la fin de la rencontre, pendant que les CRS sonnaient la charge, le vestiaire Toulonnais prenait le deuil.

Mendy expliquait : "Papin a poussé trop loin son ballon. Nous étions cote à cote, il s'est rabattu sur moi et a plongé. Lorsque je suis venu demander une explication a M. Quiniou, il n'a pas trouvé autre chose à me dire que : "C'est sifflé, c'est sifflé".
M. Quiniou a offert un beau cadeau de Noel aux Marseillais".

Rolland Courbis qui avait escorté l'arbitre à sa sortie du terrain, masquait sa colère sous les traits de l'ironie. " Vous voyez, nous avons vraiment respecté notre scénario initial. Mais les impondérables ont tué notre histoire. Ce soir, l'impondérable était de taille. Il s'appelait M. Quiniou. Je me console en me disant que l'on peut être fiers de nos vingt et un points acquis en championnat. Ils ne doivent rien à personne. En effet, depuis le début de la saison, nous n'avons jamais bénéficié d'un penalty sur notre pelouse. Enfin, malgré tout, ce soir, j'envie Marseille ! "

LES NOTES DE L'EQUIPE

TOULON

Mottet : 5
Berenguier : 6
Casoni : 5
Mendy : 6
Alfano : 4
Pardo : 8
Zahoui : 7
Denizart : 4
Henry : 7
Makanaky : 8
Dominguez : 5

MARSEILLE

Bell : 5
Fall : 4
Forster : 7
Domergue : 6
F. Passi : 5
Delamontagne : 4
Le Roux : 4
Giresse : 4
Diallo : 4
Papin : 5
Allofs : 8

LE JEU ET LES JOUEURS

Malgré l'état déplorable de la pelouse du stade Mayol, les deux formations offrirent aux spectateurs un spectacle de qualité. Ce sont les Toulonnais qui, la plupart du temps, s'assurèrent le contrôle du ballon. Mais Marseille, en contre, joua parfaitement le coup, ce qui donna a cette rencontre un caractère parfaitement équilibre.
Dans l'équipe Marseillaise, BELL fut irréprochable. FORSTER fut un impeccable patron de la défense Marseillaise. DOMERGUE fut précieux par sa relance soignée.
PAPIN n'émergea qu'après la réalisation de son penalty. ALLOFS, lui, fut simplement genial. Il fut a l'origine de toutes les actions dangereuses de l'OM.
A Toulon, le joueur le plus en vue fut certainement MAKANAKY. Toutes ses accélérations plongèrent la défense Marseillaise dans l'angoisse. PARDO fut remarquable dans son travail de récupération. Il trouva une aide précieuse dans la compagnie de Joël HENRY et de ZAHOUI. Le libero MENDY fit admirer ses grandes qualités physiques et son excellent potentiel technique.

Michel Nait-Challal